Jusqu'à cette date, cette voie était connue sous le nom de Rue Richepance, qu'elle reçut à son ouverture, en 1807, en hommage à ce général du Consulat, envoyé par Bonaparte à la Guadeloupe en tant que Gouverneur pour y restaurer l’ordre et y rétablir... l’esclavage.
Nous nous devons ici de consacrer quelques lignes à la polémique qui vers l’an 2000 a entouré le nom de cette rue, pour aboutir en 2002 à son changement. Un certains nombre de militants et mouvements associatifs se sont en effet ému, vers la fin des années 90’, de voir que ce général présenté par eux comme pro-esclavagiste (alors même que les faits historiques sont clairs, en ce que ce Général n’était que le messager et l’exécuteur d’une décision politique prise par le Premier Consul Napoléon Bonaparte… en d’autre termes, il était assez navrant de voir qu’au XXIe siècle on en est encore resté à la notion de "tuer le messager"), associé au nom d’une rue parisienne. Ceux-ci proposèrent de débaptiser cette voie pour lui donner le nom du Chevalier de Saint-George, lequel était, injustement de notre point de vue, absent de la nomenclature des rues de Paris. Cette campagne, se transforma en polémique politique, entre la droite et la gauche municipale, pour aboutir, après le changement de majorité parisienne de 2002, au remplacement du nom de la rue.
Sans entrer ici dans cette polémique (d’autant, que lorsque la politique se mêle à l’histoire, on débouche comme souvent sur des paradoxes et des absurdités, ainsi dans le cas présent, il était amusant de voir les élus de gauche militer pour un royaliste, le Chevalier de Saint-George, tandis que les élus de droite militaient pour un révolutionnaire, Richepance !!!), nous tenons ici à exprimer un sentiment général quant à la politique qui devrait être menée, de notre point de vue, au sujet des noms de rues. En effet, nous considérons que ceux-ci sont un reflet de l’histoire municipale, faire totalement disparaître le nom d’une personne de la nomenclature des voies devrait être un principe à bannir. A l’inverse, parce qu’une ville doit être vivante, il ne faut pas pour autant que cela empêche de faire entrer de nouveaux noms dans cette même nomenclature (ainsi, nous répétons qu'il nous paraissait tout à fait légitime qu'une rue de Paris portât le nom du Chevalier de Saint-George), pour ce faire, plusieurs possibilités sont offertes, sans pour autant avoir à faire totalement disparaître un personnage. Hors les cas, certes peu nombreux, de rues nouvelles et des voies et places, non encore baptisées, quelques pistes pourraient être étudiées. Comme ce blog le rappelle régulièrement, de nombreux personnages ont plusieurs voies à leur nom, premier vivier possible de solutions, car si nous estimons qu’un nom ne doit pas totalement disparaître, il n’est pas certains pour autant que tous méritent de conserver plusieurs voies à leur nom. De même, de nombreuses voies se prolongent sur plusieurs arrondissements, ou de part et d’autre d’un axe majeur, tout en gardant le même nom, des scissions sont possibles, libérant ici encore d’autres possibilités. Bref, il serait largement aisé de conserver vivante la nomenclature des voies parisiennes, sans pour autant renier le passé.
Enfin, et de grâce, bannissons la politique de l’histoire. Quand on pense au nombre de personnages à la morale douteuse ou aux mains tachées de sang figurant parmi les noms de rues de nos grandes villes, on comprend pourquoi l'histoire et la politique ou la morale ne font pas bon ménage. Dans le cas présent et à notre connaissance, cela faisait sans doute pas loin d'un siècle qu'une voie parisienne n'avait pas été débaptisée pour des raisons politiques. Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude.
(Baillif, 25 décembre 1745 - Paris, 10 juin 1799)
Chevalier de Saint-Georges
Musicien et Escrimeur
(Metz, 25 mars 1770 – Basse-Terre, 3 septembre 1802)
Général de Brigade (1796), Général de Division (1800)
Gouverneur de Guadeloupe (1801)
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